Avec les moyens médias de Sarkozy on peut faire élire un âne

On a le droit de penser que plus une marque passe à la télé et meilleurs sont ses produits. On a le droit de le penser. Cela ne signifie pas que ce soit vrai. Cela ne signifie pas non plus que ce soit faux. A la limite, si les produits sont bons, ils n'ont pas besoin de publicité. A l'inverse, s'ils sont mauvais, alors ils en ont besoin. Et Sarkozy a vraiment besoin de publicité. Car il est franchement mauvais.

Grâce à la publicité que lui font (par exemple) Arlette Chabot et Jean-Pierre Elkabach, ex-journalistes devenus camelots, nous avons tendance à croire que Nicolas Sarkozy est un bon ministre de l'Intérieur. Ce n'est pourtant pas le cas. Il est détesté des policiers et des gendarmes auxquels il impose une réussite statistique. Il ment aux français en présentant via les mêmes statistiques un reflet mensonger de son action. Or, on ne diminue pas la criminalité en manipulant les chiffres et mentir aux français, ainsi ou autrement, me semble être la pire imposture qu'un homme politique puisse commettre. Pour moi, Sarkozy est comme un crocodile : il a une grande gueule et des petits bras... Autant dire tout de suite que l'homme ne m'est pas sympathique. Mais mon propos ici, contrairement à ce que l'on pourrait penser n'est pas de débiner ce candidat menteur, malhonnête et antipathique mais plutôt les camelots qui le défendent.

Bush est un abruti. Le monde entier en est à peu près convaincu aujourd'hui. S'il a volé sa première élection, il a par contre été élu pour un second mandat. Cette réussite (si l'on doit appeler ainsi son élection) est celle des médias. Comme faire d'un âne un président de la république ? C'est simple : en abusant les électeurs. Il suffit de leur faire croire que ce candidat est le meilleur. A partir du moment où 80% des médias disent la même chose, de manière différente, donnant l'impression d'un véritable débat, il y a tout lieu de croire qu'une majorité de citoyens sera également convaincue. En tout cas, c'est ce qu'il s'est passé aux Etats-Unis et Sarkozy, admirateur de Bush depuis sa brillante et remarquable invasion de l'Irak, s'est inspiré des techniques de propagande des conservateurs américains. Il faut dire que ça lui est facile puisqu'il est le candidat des riches.

Quels sont les points communs entre un artiste à succès, un journaliste connu, un chef de moyenne ou grosse entreprise, un sportif de haut niveau, un médecin (sauf de campagne), un grand avocat et un célèbre animateur de télévision ? Toutes ces personnes sont riches et influentes. Comme elles sont riches, elles vont naturellement voter pour le candidat qui va le mieux protéger leur fortune. Et, comme elles sont influentes, elles vont tenter de convaincre la plupart des gens de voter pour leur champion. Et elles ne se gênent pas pour le faire. C'est humain. Et, si tomber dans le piège est également humain, ouvrir les yeux demande, par contre, un petit effort...

Car l'ennemi avance masqué ! Et oui, ce serait trop facile si Sarkozy nous disait tout de go : "je suis le candidat des riches et j'entends bien être élu pour les aider à le rester" personne ou presque ne voterait pour lui. Il a beau ne pas être très fin Sarkozy, il est quand même plus intelligent que Bush et il sait bien qu'il vaut mieux tenir un autre langage. Alors il nous baratine. Il n'est pas tout seul. Il a toute son armée derrière lui : les gens influents. Et il en a besoin !

Le peuple, c'est à dire 85% de la population, n'a aucune raison objective de voter Sarkozy ! Et pourtant, certains s'apprêtent à le faire... C'est un sérieux problème pour notre pays. Nous en somme venus là car certains croient encore à l'honnêteté de la publicité et à l'objectivité des journaux et médias. Si, nous reprochons à nos enfants leur goût marqué pour les chaussures et les vêtements signés, certains d'entre nous restent naïvement convaincus que leur prochain lui veut du bien, à plus forte raison s'il est homme de télévision, bien habillé et souriant.

Nous voyons bien ce qui aveugle : le battage publicitaire. Nous nous laissons charmer, convaincre par des animateurs richissimes, des journalistes-vedettes, des essayistes à succès, plus âpres à défendre leur portefeuille que l'idéal qui les animait à vingt ans. Trois artistes et deux écrivains forment caisse de résonance. Qu'y a t'il d'étonnant à ce qu'un journaliste de renom, propriétaire de six appartements à Paris et deux sur la côte d'Azur, étouffe les âneries quotidiennes qu'a pu proférer son candidat ou refuse de parler d'abus de biens sociaux lors de l'achat de son appartement ? Ils jouent dans la même cour !

Mais vous et moi, nous ramons tous les mois...

Alors je préfère un François Bayrou qui n'est pas riche, une Ségolène Royal qui est socialiste ou un Olivier Besancenot qui est candide et je déplore que le jeu politique ne soit pas ouvert aux seuls candidats positifs pour la France, dans un débat honnête, hors de toutes manipulations intellectuelles. Je regrette que, dans notre pays, il n'existe pas un journaliste capable de mener à son terme l'enquête sur l'achat de l'appartement de Neuilly et des journaux se donnant pour mission d'informer plutôt que désinformer leurs lecteurs (à l'exception de Marianne et du Canard Enchaîné).

Je voudrais dire à tous ceux qui m'ont lu jusque ici, qui croyaient que Sarkozy s'imposait par son charisme, sa prestance, sa connaissance des dossiers, son humour, son empathie, sa générosité... qu'il n'a probablement aucune de ses qualités. Désolé ! Sarkozy est un candidat riche, pour les riches aidé par les riches. Dans une démocratie où la presse aurait droit à une majuscule initiale, il serait laminé, anéanti, ridiculisé. Franchement, sans la presse, la radio et la télévision, qui aurait envie de voter pour un candidat dont la première tricherie est déjà de mentir sur sa taille ? Comme les enfants, qui veulent des Nike parce qu'ils ont vu Tony Parker à la télé, certains veulent Sarkozy parce qu'ils ont vu Johnny, Sevran ou Doc Gyneco se mettre à son service.

Votez Sarkozy c'est prendre aux pauvres pour donner aux riches. Cette histoire vous en rappelle une autre ? Si vous êtes riches ou si vous voulez rester pauvre, votez pour lui. Il est l'exact contraire de Robin des Bois. C'est le shérif de Sherwood et, comme lui... il veut se taper Marianne.

Xc3j - 2007